Aller au contenu principal

Sciences de l’ingénieur : la Normandie veut créer un "pôle d’attractivité international" sur le campus du Madrillet

campus vue aérienne

La phase d’élaboration d’un campus dédié aux sciences de l’ingénieur près de Rouen, conçu comme un "pôle d’attractivité international pour les étudiants, les chercheurs, les start-up et les industriels", a été lancée fin mars 2018. Interrogé par AEF, Philippe Eudeline, président de l’association campus sciences ingénierie Rouen Normandie, chargé de "faire émerger les projets et chercher les financements", signale que d’ici à la fin de l’année sera proposé un schéma directeur d’aménagement du futur campus. Ce projet, situé au Madrillet, intervient alors que les acteurs de l’ESR normand réfléchissent à "constituer un grand établissement" pour être "plus visibles" dans les classements internationaux, indique la vice-présidente enseignement supérieur de la région, Françoise Guégot. Un autre projet de campus, orienté "santé", existe à Caen et un autre sur le maritime au Havre.

Photo

Un campus orienté vers les sciences de l’ingénieur devrait voir le jour d’ici à 2020-2021 au technopôle du Madrillet, à Saint-Étienne-du-Rouvray près de Rouen. La phase d’élaboration du projet a été lancée fin mars 2018 par le président de la région Normandie Hervé Morin, la collectivité finançant pour 200 000 € un schéma directeur immobilier confié à l’Insa de Rouen. Une "première étape" est prévue fin décembre avec une remise du document finalisé pour mi-2019, indique à AEF Philippe Eudeline, président de l’association campus sciences ingénierie Rouen Normandie.

Cette structure a été créée en juillet dernier pour "faire émerger les projets" et chercher les financements. L’association réunit la Comue Normandie Université, les établissements d’ESR concernés, le Criann (Centre régional informatique et d’applications numériques de Normandie) spécialisé dans le calcul de haute performance, des représentants d’entreprises présentes sur le site, ainsi que le lycée Le Corbusier et le CFA Lanfry.

Après une étude produite par l’IGAENR honoraire Bernard Dizambourg, les acteurs de l’ESR normand ont souhaité faire du technopôle du Madrillet "un des fleurons d’attractivité de la région", indique Philippe Eudeline. Il parle ainsi de "fort potentiel" avec déjà implantées sur plus de 150 hectares l’Insa Rouen, l’Esigelec, une partie de l’UFR de sciences et techniques de l’université de Rouen ainsi que son école interne l’Esitech. Aujourd’hui, sont présents 5 000 élèves ingénieurs et environ 500 chercheurs d’une vingtaine de laboratoires et plateformes technologiques.

Regroupements et objectif de 8 000 étudiants

Le campus du Madrillet

Le site du technopôle compte :

  • 5 000 étudiants (dont 1 700 apprentis)
  • 1 000 personnels
  • 9 laboratoires de recherche avec 250 doctorants
  • 45 entreprises avec 630 emplois

Plusieurs projets sont portés : 

À horizon 2020-2021 l’idée est de parvenir à 8 000 étudiants en accueillant notamment le CFA Lanfry et le Cesi, qui installera en 2019 ses infrastructures de formation et de recherche ainsi que le démonstrateur de l’usine du futur. Autour du Criann, également présent sur le Madrillet, sera montée une "maison des sciences du numérique" en regroupant les activités de calcul intensif et de simulation pour développer en particulier l’attractivité en direction des start-up.

L’école d’informatique Simplon.co devrait ouvrir dès septembre 2018 une antenne au sein de l’Insa de Rouen, des discussions sont également en cours avec le Cnam afin de regrouper "une partie des activités" pour la Normandie, indique Philippe Eudeline. L’Esigelec a aussi pour projet de déplacer sa prépa de Rouen et ainsi ramener 400 à 500 étudiants sur site. Enfin, l’IUT de Rouen située Mont-Saint-Aignan pourrait déménager après 2020.

Une phase de conception de l’innovation

L’association présidée par Philippe Eudeline a d’ores et déjà identifié un "préprogramme" avec les partenaires du projet, prévoyant en particulier le regroupement des bibliothèques universitaires de l’université de Rouen et de l’Insa Rouen. Il s’agit là de créer un "espace de documentation commun pouvant servir les besoins des entreprises, des pôles et des centres de recherche". Au sein de cet espace sera implanté Normandie Valorisation et Normandie Incubation ainsi qu’un incubateur privé : des discussions sont en effet en cours avec "un industriel du secteur des matériaux" qui souhaiterait faire venir une trentaine d’ingénieurs de recherche au sein de l’université.

    photo

    L’idée est aussi de "créer de la vie étudiante" et de la "culture scientifique", notamment en concevant avec le Crous des espaces de restauration et des logements et en impliquant la mairie de Saint-Étienne du Rouvray. Un évènement "inter-associations étudiantes" sera organisé à l’automne ainsi qu’un concours d’innovation sur le modèle de "Hacketafac" à Bordeaux (lire sur AEF) pour susciter des projets numériques de transformation de la vie du campus.

    Pour l’instant aucun budget n’est déterminé, la phase d’élaboration du projet de campus du Madrillet devant servir à "imaginer tout ce qui est possible pour construire quelque chose d’innovant", signale la vice-présidente à l’enseignement supérieur de la région Normandie, Françoise Guégot. "Avec ce projet prévu sur une petite dizaine d’années, pour l’instant la commande de la région est de ne pas se contraindre sachant que sur la partie financière, il sera aussi possible de travailler avec des industriels" en plus de financements publics comme le PIA 3, souligne-t-elle.

    La transformation de l’ESR normand : futur "grand établissement" et projets de campus

    "Le constat est que pour pouvoir attirer les étudiants et porter l’excellence de la Normandie, il faut des campus ayant une autre dimension" car "il y a bien un problème d’image de modernité, dans une région où l’unité des universités apparaît comme une difficulté", estime Françoise Guégot. 

    L’annonce du projet de campus du Madrillet orienté vers les sciences de l’ingénieur intervient alors que des réflexions sont engagées pour aller vers la constitution d’un "grand établissement", de telle sorte à "rendre plus visible la Normandie dans les classements internationaux" (lire sur AEF).

    Les trois villes universitaires de Normandie (Caen, Le Havre, Rouen) ont toutes des projets de campus en phase de démarrage : 

    •  À Caen, la restructuration du plateau nord de la ville avec en particulier la reconstruction du CHU doit donner lieu à un "super campus" orienté santé avec des activités de recherche en biologie, pharmacie et logistique à partir de 2021 (lire sur AEF).
    • Au Havre, un projet de campus maritime et portuaire est lancé avec l’inauguration en octobre 2016 de sa première brique, le "campus logistique" (lire sur AEF).
    • Par ailleurs, à Vernon (Eure), un projet de campus de l’espace est par ailleurs prévu sur l’ancien site du laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques. Le pôle formation des industries technologiques de l’ITII d’Évreux s’y délocalise partiellement, pour notamment profiter de la proximité d’entreprises comme SKF et Safran (lire sur AEF).